Bien qu’ils soient confrontés à une multitude de défis, les professionnels du secteur de l’automobile doivent comprendre que les changements rapides qu’ils sont appelés à engager représentent de véritables opportunités pour maintenir le secteur, innover et se positionner sur un marché en pleine mutation. La première des actions à engager concerne justement le passage vers l’électrification de l’industrie pour garantir sa compétitivité.
Les premières immatriculations de véhicules pour l’année 2023 ont légèrement augmenté de 0,65% par rapport à 2022, avec un volume de 55.813 véhicules immatriculés en 2023, c’est ce qui ressort des dernières statistiques disponibles sur le secteur automobile en Tunisie, publiées par le site « Automobile.tn ».
Une hausse due à une demande accrue pour les véhicules particuliers. Cette augmentation qui est estimée à 2,3 % n’a pas caché la diminution des ventes de véhicules utilitaires, qui ont chuté de 4,5 %.
Les fluctuations et leurs causes
Au début de cette année, la situation est devenue plus préoccupante. Selon les derniers chiffres disponibles, au cours du deuxième trimestre, les immatriculations ont connu une forte baisse de 14 % par rapport à l’année précédente, avec une chute particulièrement marquée de 18,45 % pour les voitures particulières. Cela revient, d’après les professionnels du secteur, aux perturbations dans les chaînes d’approvisionnement, exacerbées par des conflits régionaux. Cette nouvelle donne a poussé les consommateurs à se tourner vers le marché parallèle, dont la part a atteint 37% du marché global. Cette augmentation des parts du marché illicite est également la conséquence directe de la réduction des quotas d’importation et des délais d’acheminement prolongés. Il est important de savoir que le secteur contribue à hauteur de 4 % au PIB, emploie 10.000 personnes et représente 50 % des exportations industrielles du pays. Le secteur génère près de 2,4 milliards d’euros de revenus, dont 80% proviennent du marché européen. Selon les données, la Tunisie se classe comme deuxième producteur de composants automobiles en Afrique. Le pays est l’un des principaux fournisseurs de l’Union européenne en pièces de rechange. Il s’agit d’un secteur clé pour l’économie nationale et figure parmi les priorités stratégiques du pays. Il est un bon générateur d’investissements, de développement régional et d’innovation.
Un long chemin vers la mutation
Les derniers chiffres disponibles sur le secteur parlent de plus de 2,3 millions de véhicules en circulation. Le secteur compte, par ailleurs, 1 million de ces véhicules immobilisés, abandonnés, ou circulant sans être en règle. 52 % des véhicules ont plus de 15 ans, ce constat alarmant nous conduit vers des questionnements à la fois sur la sécurité de nos routes et l’impact environnemental de cette flotte. Ces questions épineuses surviennent à l’heure où toute la planète parle de la transition vers des véhicules électriques. Avec seulement quelques unités vendues en 2023, le passage vers le transport électrique en Tunisie est encore embryonnaire. Sur le plan mondial, le marché mondial du véhicule électrique est en pleine expansion depuis quelques années. Les ventes de voitures électriques ont augmenté de 55 % en 2022, tirées par la Chine, l’Europe et les États-Unis
Vu la rapidité des changements que connaît le marché de l’automobile de par le monde, la situation doit impérativement prendre une autre tournure et les acteurs du secteur tunisiens doivent s’adapter aux fluctuations de la demande, les contraintes d’importation, et les attentes croissantes des consommateurs pour des véhicules plus modernes et durables. Bien qu’ils soient confrontés à une multitude de défis, les professionnels du secteur doivent comprendre que ces changements représentent de véritables opportunités pour innover et se positionner sur un marché en pleine mutation. La première des actions à engager concerne justement le passage vers l’électrification de l’industrie pour maintenir sa compétitivité.
Mobilité électrique et défis
Cette transition, qui doit être entamée dans les plus brefs délais, est, entre autres, accélérée par des réglementations environnementales strictes et une demande croissante pour des solutions de transport durables.
D’ailleurs, plusieurs défis sont à relever pour atteindre cet objectif. Il s’agit dans un premier temps de mettre en place toute une infrastructure de recharge. En Tunisie, ces infrastructures font défaut et ne se développent pas suffisamment dans les régions.
Autres freins au développement des véhicules électriques, ce sont le coût des batteries, l’approvisionnement en matières premières qui dépend des matériaux assez rares, comme le lithium et le cobalt, utilisés dans les batteries. Il y a, également, la pénurie de semi-conducteurs qui affaiblit la chaîne d’approvisionnement, les évolutions des attentes des consommateurs qui cherchent de plus en plus des véhicules connectés, autonomes et personnalisés, sans oublier la conformité aux réglementations sur les émissions de CO2 et les normes de sécurité qui se durcissent.
Les défis significatifs pour encourager l’adoption de voitures électriques dans le pays. Le gouvernement tunisien tente tant bien que mal de stimuler l’adoption des véhicules électriques. Des incitations fiscales ont été adoptées pour encourager l’achat de ces véhicules plus propres. La loi des finances 2023 a, par exemple, exonéré totalement les voitures 100% électriques des droits de douane. Les voitures hybrides bénéficient également d’avantages fiscaux, avec un abattement de 50% sur les droits de consommation et les droits de douane.
Une lenteur pas bénéfique !
Brahim Debbeche, président de la Chambre syndicale nationale des concessionnaires automobiles, a insisté à plusieurs repises sur la nécessité d’une nouvelle politique fiscale pour aider les citoyens à renouveler leurs véhicules, en particulier à la lumière de la flambée des prix et de la baisse du pouvoir d’achat.
Un responsable à l’Agence nationale de maîtrise de l’énergie (Anme) a dévoilé, depuis mai 2022, l’objectif de voir 5.000 voitures électriques en circulation en Tunisie d’ici 2025, avec 1.000 réservées aux fonctionnaires et 4.000 destinées aux particuliers.
Le directeur général de l’Agence a aussi annoncé, en juillet dernier à la Radio nationale, que le nombre de bornes de recharge de véhicules électriques atteindra les 160 points d’ici 2025. « Tout le territoire sera couvert en bornes de recharge. Des contrats ont été signés avec 40 municipalités et 20 entreprises publiques pour la mise en place de bornes de recharge. Les stations-services seront dans l’obligation d’installer des bornes de recharge électrique des véhicules », a-t-il mentionné. Ces défis redéfinissent les contours présents et futurs de toute une industrie. La conjonction de l’évolution technologique, des changements réglementaires et climatiques, d’une part, et des attentes croissantes des consommateurs, d’autre part, font avancer, certes, les choses mais un rythme très lent.
CHERIF
5 novembre 2024 à 12:23
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